À l’origine, Un océan d’amour est une géniale bande dessinée de Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione qui fleure bon l’iode et le varech. 

Ici, ce sont deux protagonistes en blouse grise qui racontent cette magnifique romance entre un marin égaré et son épouse éplorée lancée à sa recherche avec un minimum de mots (parce que les deux loustics sont on ne peut plus taciturnes) et un max de papier (parce qu’ils sont aussi très habiles de leurs mains). En pliant, en froissant, en déchirant ou en découpant une abondante quantité de feuilles, ces deux magiciens de la ramette font en effet émerger devant vos yeux des personnages, des accessoires et des décors pour une singulière odyssée riche en péripéties, à la fois totalement burlesque et profondément lucide sur les dérives du monde moderne. Proche de l’univers de Jacques Tati, ce théâtre d’objets muet mais bruité, modeste dans son dispositif mais raffiné dans son écriture comme dans son interprétation, ne laissera personne sur le sable et suscitera même de belles vagues d’émotion...